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Principes généraux de rééducation

Nous décrirons ici les principes de rééducation définis par Masquelier. Les tâches demandées au patient visent à exercer un processus en particulier. La reconnaissance de configurations temporelles, et le décodage phonétique sont travaillés en priorité. Ce n’est qu’ensuite que peut être mis en place l’entraînement de la séparation et de l'intégration binaurales. Le transfert interhémisphérique ne fera pas l’objet de tâches spécifiques, il sera travaillé quand une activité s’effectuera à la fois en modalité orale et en modalité écrite. L’interaction binaurale, quant à elle, n’est pas spécifiquement abordée car elle n’a pas été évaluée au préalable.

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Chaque processus sera entraîné à la fois en modalité bottom-up et en modalité top-down. « Tant que nous ne disposons pas d’études comparant l’efficacité respective de rééducations ciblant chacun de ces traitements, il est essentiel de les stimuler en parallèle » (Masquelier, 2011, p 45).

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C’est le matériel verbal utilisé qui permet de définir la modalité de travail : les mots permettent un travail des compétences de type top-down, tandis que les phonèmes, les syllabes et les pseudo-mots sollicitent majoritairement des mécanismes de type bottom-up. En effet, les phonèmes, les syllabes et les pseudo-mots ne nécessitent que les représentations phonologiques mais ne permettent pas de compensation des difficultés par l’intervention des représentations lexico-sémantiques stockées en mémoire à long terme.

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Un TAC/TTA isolé étant rare, cette rééducation de chaque processus auditif central doit s’intégrer dans la prise en charge globale des difficultés du patient.

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La reconnaissance de configurations temporelles :

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« En cas de dysfonctionnement du processus de reconnaissance de configurations temporelles, l’objectif est d’améliorer la détection et l’utilisation des aspects prosodiques du discours » (Masquelier, 2011, p 41). Un entrainement en modalité bottom-up se fera en même temps que des activités en modalités top-down.

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Entrainement en modalité bottom-up :

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Il s’agit d’entraîner le patient à entendre les différences entre des sons, en termes de hauteur, de durée, ou d’intensité. 

 

Ce travail est possible par le biais d’instruments de musique.

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Les instruments de musique permettent de stimuler la reconnaissance de configurations temporelles, à travers des jeux de reproduction de séquences avec l’instrument, de représentation graphique du son (par des flèches par exemple), ou de verbalisation de ce qui a été entendu (haut/bas, long/court, fort/faible). Selon Masquelier (2011, p 41), « l’association de la modalité auditive d’entrée à une autre de sortie (visuo-graphique ou tactile) est également importante ». En effet, ceci permet de solliciter le transfert interhémisphérique. 

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Le «carillon escalier de l’association Mélodys nous semble un matériel intéressant car il matérialise la notion de hauteur. http://www.melodys.org/boutique/carillon-escalier.html

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Entrainement en modalité top-down :


   Le matériel utilisé sera ici constitué de phrases. Il s’agit d’apprendre au patient à repérer auditivement les mots accentués, l’intonation, et la ponctuation. Celui-ci sera aussi entraîné à savoir utiliser ces données dans sa production orale et écrite. Cet entraînement jouant sur la prosodie a pour but d’aider le patient à extraire plus aisément l’intention et le sens inhérents au discours. Dans ce but, Masquelier conseille d’utiliser des cartes « déclaratives (.), interrogatives (?), et exclamatives (!)».

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Le décodage phonétique 


La discrimination auditive (en modalité bottom-up puis en top-down) et la closure auditive seront travaillées en parallèle.

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Entrainement en modalité bottom-up :


Le matériel verbal utilisé sera composé de phonèmes, de syllabes, ou de pseudo-mots. 


Les activités viseront à améliorer la discrimination auditive des phonèmes problématiques pour l’enfant.  Chaque logopède est libre de créer ses propres listes d’items, des plus simples au plus complexes, et de réaliser des activités adaptées à chaque enfant.


Ici encore, il est important de relier l’oral et l’écrit : les tâches viseront tant l’amélioration de la discrimination auditive que de la conversion phonème-graphème. 

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 Une fois que ces activités sont maîtrisées par le patient, elles peuvent être effectuées en présence d’un bruit de fond. La difficulté peut être augmentée selon la nature du bruit : tout d’abord un bruit neutre (comme le bruit de la mer, ou le chant des oiseaux), de la musique sans paroles, puis avec paroles, et, enfin, la voix d’une personne (journal parlé, émissions à la radio). 

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Entrainement en modalité top-down :


   Une fois que  la discrimination auditive est acquise sur du matériel non lexical, le travail est poursuivi mais au sein de mots et de phrases (« pain-bain », « il prend le bain – il prend le pain »). Comme dans l’étape précédente, un bruit de fond peut ensuite être ajouté aux  activités. 


   L’entrainement en modalité top-down visera aussi à renforcer la closure auditive, c'est-à-dire la capacité à compléter un message auditif altéré.
   Le matériel utilisé sera, ici encore, constitué de mots et de phrases, de façon à ce que le patient apprenne à utiliser de façon consciente le contexte sémantique et morphosyntaxique du discours (c'est-à-dire la redondance extrinsèque), pour améliorer sa compréhension de l’énoncé verbal. Le travail pourra débuter à l’échelle de la phrase, via des devinettes avec choix de réponse, puis les aptitudes de closure pourront ensuite être travaillées en demandant au patient de deviner le mot manquant dans une phrase, avec ou sans ébauche initiale, et enfin le son manquant dans un mot isolé.

 

   Augmenter le vocabulaire de l’enfant, afin qu’il ait davantage de mots de référence en mémoire à long terme, est aussi important pour renforcer ses capacités de closure auditive. Cet enrichissement du stock lexical portera tout particulièrement sur les caractéristiques morphologiques des mots, et renforcera le lien entre l’oral et l’écrit.

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La séparation et l’intégration binaurale


L’objectif est d’entraîner le patient à gérer des situations où il perçoit deux stimuli différents. Les tâches demandées seront les mêmes que pour le décodage phonétique, mais le bruit sera cette fois remplacé par des stimuli verbaux.

 
Pour stimuler la séparation binaurale, on demandera au patient de donner l’information du côté choisi. Quant à l’intégration binaurale, elle est sollicitée lorsque le patient doit se concentrer sur les deux stimuli à la fois.


Entrainement en modalité bottom-up :


L’entrainement s’effectuera à l’aide d’un matériel verbal non significatif, c'est-à-dire des syllabes et des phonèmes. La difficulté sera progressivement augmentée:


Les stimuli verbaux seront tout d’abord isolés, puis présentés par deux avec un intervalle inter-stimuli important, puis réduit.
Chaque étape sera réalisée en répétition et en désignation. Des informations verbales seront diffusées dans un écouteur, tandis que le logopède/orthophoniste en prononcera d’autres. L’écouteur devra être changé d’oreille régulièrement.  

 

Entrainement en modalité top-down :

 

Les activités de discrimination auditive de mots et de closure peuvent aussi être effectuées avec un écouteur dans une oreille.

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Programmes informatiques :


Il existe des programmes permettant le travail des processus auditifs centraux: nous présenterons ici Play-on et Audilog 4.
 

 Play-on :


- Discrimination auditive : ce programme comporte des listes de logatomes (mono, bi et trisyllabiques), mais pas de phonèmes isolés. Il est possible de sélectionner les paires de phonèmes à travailler, et de faire varier leur position dans les pseudo-mots. Le logiciel permet aussi un travail en modalité top-down, sur base de mots mais aussi de phrases.

 

Audiolog 4:


- Discrimination auditive : Audiolog permet de travailler sur des phonèmes isolés, des syllabes et des mots, mais pas de phrases. Il offre un plus grand panel d’oppositions de phonèmes, et il est possible de créer soi-même les paires à travailler, ainsi que des listes d’items personnalisées. Le logiciel propose aussi des activités de discrimination dans le bruit, avec possibilité de varier la longueur de l’intervalle inter-stimuli.  

 

- Séparation binaurale et intégration binaurale: le programme permet de diffuser deux messages différents dans chaque oreille et offre la possibilité de régler manuellement l’intensité du son pour chaque oreille.

 

 

Cet article a été rédigé d'après celui de Masquelier, que vous pouvez consulter via ce lien : http://www.college-nat-audio.fr/cdlapdf/2011-1.pdf page 39.

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