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Les troubles associés

 

Le TAC - TTA et la dyslexie

 

Selon Troles (2010), “désormais, il existe un consensus autour de la définition de la dyslexie énoncée par Rutter (1978), [...]. La dyslexie est considérée comme “un désordre manifesté par une difficulté sévère dans l’apprentissage de la lecture en dépit d’une intelligence normale, d’un enseignement conventionnel et d’opportunités socio-culturelles adéquates.”

 

Selon une étude de Mallen, en 2010, les enfants avec TAC/TTA auraient de moins bonnes compétences en lecture par rapport aux enfants tout-venant.

 

Le travail de Rajkowski,en 2012, semble confirmer ces résultats, prouvant que les capacités en conscience phonologique, en mémoire verbale à court terme et en dénomination rapide seraient moins efficientes chez les enfants avec TAC / TTA que chez les enfants du groupe contrôle. De plus, les résultats des enfants avec TAC/TTA concernant le traitement phonologique et le vocabulaire, étaient similaires à ceux des enfants dyslexiques. Cependant, concernant la connaissance des graphèmes et le décodage, les enfants avec TAC/TTA rencontrerait des difficultés moins importantes que les enfants dyslexiques.

 

Plutôt que de tenter de différencier les deux troubles, il s’agit davantage de garder à l’esprit que des difficultés de lecture peuvent être dues non seulement à une dyslexie mais aussi à un TAC/TTA, et que ces deux troubles peuvent être associés. En effet, le plus souvent, une dyslexie est en premier lieu suspectée, mais suite au diagnostic de ce trouble, il faut aussi penser qu’un TAC/TTA peut être présent. Évaluer les processus auditifs centraux touchés sera alors primordial, dans le but de cibler au mieux la rééducation.

 

Le TAC - TTA et le trouble du langage oral

 

 

   Le trouble du langage oral est défini par le dictionnaire d’Orthophonie (2011) comme étant le “terme employé en orthophonie pour désigner très largement une pathologie affectant le langage oral, qu’il s’agisse d’un problème d’apparition ou de développement chez l’enfant, d’un trouble lié à une déficience sensorielle ou mentale, d’un trouble acquis comme dans le cas d’une aphasie”.

 

   Certaines manifestations du TAC/TTA peuvent sembler communes au trouble du langage oral : discrimination phonémique altérée, difficultés de compréhension orale, manque du mot, discours imprécis et manquant de cohésion. De plus, une étude a prouvé que des enfants présentant une dysphasie avaient montré des déficits conséquents de perception de la parole en condition de bruit continu et de “brouhaha”, par rapport aux enfants tout-venant (Ziegler, Pech-Georgel, George, Alario & Lorenzi, 2005).

 

   Etant donné ces caractéristiques communes, plusieurs études ont tenté de démontrer que le TAC/TTA serait une cause de la dysphasie. Tallal en 1990, a été la première à envisager le TAC/TTA comme un des facteurs intervenant dans la dysphasie : selon elle, les enfants avec dysphasie éprouveraient des difficultés spécifiques du traitement d’informations séquentielles rapides. Cependant, d’autres études n’ont pas pu observer ce déficit chez tous les enfants dysphasiques. La relation entre une altération du traitement auditif et la dysphasie reste encore controversée (Maillard & Schelstraete, 2012), la co-occurence des deux troubles n’étant d’ailleurs pas systématique : une dysphasie n’est pas toujours accompagnée d’un TAC/TTA, et inversément (Veuillet & Thai-Van, 2011).

 

   D’un point de vue clinique, les problèmes de compréhension orale peuvent s’expliquer de façon différente. En effet, c’est le sens qui échappe à l’enfant présentant un trouble du langage oral, alors que la difficulté de l’enfant avec TAC/TTA est l’analyse des sons successifs, et la mémorisation de l’énoncé afin de le comprendre. Une répétition lente aidera donc davantage l’enfant avec TAC/TTA. L’expérience clinique permet d’ailleurs de constater qu’une intervention permet de remédier aux difficultés de langage de l’enfant avec TAC/TTA plus rapidement que pour les enfants avec un trouble du langage oral (Association des établissements de réadaption en déficience physique du Québec, 2006).

 

   Toutefois, il ne faut pas oublier que le TAC/TTA et le trouble du langage oral peuvent être associés et que, dans ce cas, le TAC/TTA peut aggraver les difficultés rencontrées.

 

Le TAC - TTA et le TDA/H 

 

   Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), « se caractérise par une tendance excessive à la distraction et des difficultés de concentration, parfois accompagné d'hyperactivité ou d'impulsivité. Le TDA/H est une pathologie fréquente touchant 3 à 5 % des enfants d'âge scolaire, mais aussi, dans une moindre proportion, les adolescents et les adultes. »

 

   D’après une étude de DiMaggio et de Geffner, en 2003, 41% d’enfants avec TAC/TTA présenteraient également un TDA/H.

De nombreux signes permettant de suspecter un TAC/TTA ou un TDA/H sont similaires (Association des établissements de réadaption en déficience physique du Québec, 2006). En effet, ces enfants, facilement distraits, ont des difficultés à suivre les consignes et à maintenir leur attention jusqu’au bout des tâches. Ils peuvent présenter aussi une faible mémoire de travail ainsi que des problèmes en début d’apprentissage de la lecture.

 

   Toutefois, au sein même de ces difficultés, certaines différences peuvent être constatées. En effet, pour le jeune avec TAC/TTA, c’est la conscience phonologique, souvent faible, qui rend difficile la lecture, alors que pour l’enfant ayant un TDA/H, ce sont les ressources attentionnelles qui manquent pour cette tâche. En outre, chez les enfants présentant un TTA(C), seule la modalité auditive de l’attention et de la mémoire serait atteinte, alors que toutes les modalités (visuelle, auditive, kinesthésique) seraient touchées dans le cas d’un TDA/H.

 

   De plus, chacun des deux troubles peut entraîner des difficultés propres à l'autre trouble: chez un enfant présentant un TAC/TTA, la difficulté de la tâche auditive fatigue l’enfant, et  entraîne donc de  l’inattention. À l’inverse, dans le cas d’un TDA/H, l’enfant peut rater, par manque d’attention, une épreuve auditive simple pour lui mais en réussir ensuite de plus difficiles s’il est concentré. (Association des établissements de réadaption en déficience physique du Québec, 2006, Trudel & Mathon, 2015). Dans le cas où un TDA/H a déjà été diagnostiqué au préalable, avec prise quotidienne de médicament, le traitement supprime les difficultés d’attention et le bilan de l’audition centrale montre, par conséquent, des résultats dans la norme. Néanmoins, si le TDA/H est associé à un TAC/TTA, les épreuves demeurent difficiles pour le patient.

 

   Il faut se montrer prudent quant aux conclusions du bilan car un enfant dont le TDA/H est diagnostiqué tardivement peut avoir manqué d’entraînement auditif et présenter lui aussi des résultats déficitaires au bilan de l’audition centrale. Un entraînement auditif lui permet généralement de pallier à ses difficultés, aux alentours d’un an. Au contraire, un enfant avec TAC/TTA progressera plus lentement (Trudel & Mathon, 2015).

 

 

Le TAC - TTA et les difficultés motrices

 

   Les enfants avec un TAC/TTA peuvent présenter une maladresse motrice, voire des difficultés de planification motrice et de coordination motrice bilatérale. La motricité fine peut également être touchée. Ceci rend difficile l’apprentissage de certaines tâches comme l’habillage, la graphie, le vélo ou autres activités sportives. Toutefois, avec le soutien de leur entourage, la tâche peut être relativement bien réalisée, une fois l’activité connue (Association des établissements de réadaptation en déficience physique du Québec, 2006).

 

 

Conclusion

 

 Un TAC/TTA isolé est très rare. Le dépistage de ce trouble et sa rééducation feront donc partie intégrante d'une prise en charge plus globale, prenant en compte d'éventuels troubles associés. 

 

Voir Le bilan de l'audition centrale

 

 

 

 

 

Publié le 01/12/2015.

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